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Présenter
Stas ! Le collagiste Stas, l’écrivain
Stas, l’entité Stas : autant tenter de
présenter une galaxie exotique peuplée
d’astres tentaculaires et de jeunes
étoiles au sexe en fleur
père-paix-tue-elle-ment lubrifié d’acide
sulfurique. |
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Pataphysicien
de naissance, Stas a-t-il un âge ? Tombé
officiellement le 19 novembre 1949 sur
notre planète trouée de puits périlleux,
quiconque l’approche fraternellement lui
découvre l’âme immortelle et
lutiniforme, ô combien sympathique, d’un
chiot de quatre mois et des poussières.
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Par
contre et par aceptif, quiconque
l’approche intellectuellement,
artistiquement, collagistement et
scripturalement lui découvre la
puissance d’une ogive nucléaire
chirurgicalement lâchée sur le New-York
infâme de nos conformismes, de nos
refoulements et de nos platitudes
inhumainement humaines. |
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Indompté de naissance,
Stas a-t-il une identité sociale ?
Licencié en philologie romane, il
déjouera la trajectoire professorale qui
s’offrait à lui en devenant animateur au
Creahm, le Centre liégeois d’Art
Différencié, où il s’attachera à mettre
en valeur l’étonnante expression
plastique de psychés non-domestiquées
par notre civilisation de castrateurs
professionnels et de cultureux radotants
jusqu’à la bave la plus molle. Il sera,
aux côtés du fidèle Michel Antaki, de
l’aventure, ô combien vivifiante pour le
cœur de la Cité Ardente, du Cirque
Divers, haut lieu de la subversion
jubilatoire qui fit phénix en devenant à
la fois le journal
C4
et la galerie
D’une certaine Gaieté.
Il sera encore, ne l’oublions pas,
l’indéfectible ami, et parfois aussi le
documentaliste complice, d’André
Blavier, le mage verviétois auquel l’histoire |
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des lettres francophones
doit une somme inégalable sur les « Fous
Littéraires ». Nous devrions, pour être
juste, toucher à l’impossible en
évoquant toutes ses amitiés (avec Marcel
Mariën, Noël Godin, Tom Gutt, Arrabal,
Frémion, Verheggen, André Balthazar ou
encore Franz Bartelt, pour n’en citer
qu’un jovial bouquet), liens humains et
mamelles artistiques dont la prégnance
ira jusqu’à structurer certaines de ses
œuvres, ainsi de ses inépuisables
« Bibliothèques à classer » où se
déploie en kaléidoscope l’univers intime
et fantasmatique du maître. Enfin, il
fut, il est et il sera le compagnon
d’art et d’amour de la délicate Fanchon
Daemers, chanteuse rebelle à la voix
d’une poésie et d’une hallucinogénialité
toutes celtiques.
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Incréé de naissance, André Stas
existe-t-il ? D’un point de vue
pataphysique, cette question n’a aucun
sens, puisque ses créations attestent à
suffisance le frétillement ontologique
de quelque chose d’inouï qu’il nous faut
bien nommer les bébés
chamanistico-noétiques d’André Stas.
Bébés bizarres et savoureux
sur la langue oculaire
s’il en est. Se conjuguent ainsi dans ses collages un érotisme |
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humoristiquement érectile, jeux
inattendus d’images et de mots,
détournements, pastiches, ubuquités,
blasphèmes, cassages de gueules et de
cons, rencontres improbables entre un
anus et le faciès d’un empereur ou entre
un pénis et un cadran d’horloge, le tout
onctueusement arrosé d’un pessimisme
hilaré digne de Topor et des plus grands
princes de l’humour noir. |
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Pour enceriser davantage encore le
gâteau de nos extases, l’homme de Spa,
pas préhistorique pour un sou,
s’aventure aussi dans l’écriture, comme
s’il ne disposait jamais d’assez de
gourdins pour démolir l’ignoble tout en
faisant joujouir nos vignobles ! Parmi
ses dernières publications
incontournables, on citera « Les
Radis Artificiels »,
aphorismes succulents (« Mon
libre arbitre à la barbe du Très-haut
brandit la carte rouge »
ou bien «
Au vu de la
réalité, je préfère me réfugier
dans mes cauchemars ») parus aux |
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Ateliers du Tayrac ainsi que son
récit-fable intitulé « Le
Grand Karmaval »,
où se narre l’hilarante odyssée des âmes
qui meurent comme on se mouche et se
réveillent parfois dans le plus
inattendu des corps, pour le plus grand
orgasme de nos zygomatiques !
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Bref, André Stas, il faudra bien
l’admettre un jour, possède la puissance
créatrice et subversive de nos meilleurs
surréalistes : on ira donc voir sans
faute ni délai une des très belles
expositions qui lui seront consacrées
prochainement et l’on en reviendra
tétine aux lèvres en chevauchant un
rhinocéros enturbanné de rires. |
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Stas, entité alchimique ? Bien plus que
cela : c’est la pierre philosophale on
vous dit !
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Théophile de Giraud |
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